Trace numismatique de la guerre civile de 316
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elagabale2000
Michel P
rayban35
Zafeu
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Trace numismatique de la guerre civile de 316
Mes trois dernières acquisitions pour Constantin I à Rome me conduisent à écrire ce post qui se veut un peu didactique (bien que je n'aie aucune prétention de "faire avancer la numismatique du IVème siècle", comme dirait une distinguée membre du forum).
1- RIC 46. 20 mm, 2,97 g. Absent de la base pour l'officine.
Rarissime exemplaire avec globe normal pour cette émission romaine "étoile / croissant" de l'an 316.
Un seul exemplaire dans la base (R5, off. T): https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-71404.htm
Très rare césure INVI-C-TO: seulement 3 exemplaires de cette césure sur les 650 exemplaires S.I.C. romains de la base:
https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-34035.htm
https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-26292.htm
https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-15449.htm
Césure rare aussi à Arles (6 exemplaires identifiés par Ferrando, dont 5 en coll. publiques).
2- RIC 49, off. P. 22 mm, 3,57 g
Absent de la base pour l'officine.
Un seul exemplaire du RIC 49 dans la base, dont l'officine me semble illisible: https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-11287.htm
Coté R1 par le RIC, ce qui me parait bien optimiste...
3- RIC 49, off. Q. 19,5 mm, 3,57 g
Absent de la base pour l'officine.
Ce RIC 49 présente la particularité unique d'un globe nicéphore plutôt qu'un globe simple: c'est la seule référence des S.I.C. à présenter cette singularité, et c'est aussi la seule à porter la légende SOLI INVICTO COM D N (pour Dominus Noster).
Victor Clark signale que c'est une émission reflétant la guerre civile que Constantin I mène alors contre Licinius. C'en est le seul témoignage numismatique.
L'existence du RIC 46 (globe simple, beaucoup plus rare) montre que décision fut prise au cours de cette émission "étoile / croissant" de rajouter cette petite victoire sur le globe: soit pour porter chance au prince, soit pour marquer sa victoire sur Licinius.
De plus, l'inscription D N est assez originale: elle apparaît au IVème siècle lors de la tétrarchie au droit de certaines monnaies des tétrarques après qu'ils se soient retirés du pouvoir, en lieu et place du IMP, puis plus fréquemment dans des émissions ultérieures.
Pour David: tu trouveras quelques exemplaires de cette intéressante référence RIC 49 dans wildwinds, off. P (2 ex.), et T (3 ex. ) et Q (2 ex.), avec différentes césures, pour compléter la base.
Un autre Q ici (vente Gemini de 2014, 300$): https://www.acsearch.info/search.html?id=1830504
Et un T avec un croissant très "aplati": https://www.acsearch.info/search.html?id=800463
1- RIC 46. 20 mm, 2,97 g. Absent de la base pour l'officine.
Rarissime exemplaire avec globe normal pour cette émission romaine "étoile / croissant" de l'an 316.
Un seul exemplaire dans la base (R5, off. T): https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-71404.htm
Très rare césure INVI-C-TO: seulement 3 exemplaires de cette césure sur les 650 exemplaires S.I.C. romains de la base:
https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-34035.htm
https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-26292.htm
https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-15449.htm
Césure rare aussi à Arles (6 exemplaires identifiés par Ferrando, dont 5 en coll. publiques).
2- RIC 49, off. P. 22 mm, 3,57 g
Absent de la base pour l'officine.
Un seul exemplaire du RIC 49 dans la base, dont l'officine me semble illisible: https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-11287.htm
Coté R1 par le RIC, ce qui me parait bien optimiste...
3- RIC 49, off. Q. 19,5 mm, 3,57 g
Absent de la base pour l'officine.
Ce RIC 49 présente la particularité unique d'un globe nicéphore plutôt qu'un globe simple: c'est la seule référence des S.I.C. à présenter cette singularité, et c'est aussi la seule à porter la légende SOLI INVICTO COM D N (pour Dominus Noster).
Victor Clark signale que c'est une émission reflétant la guerre civile que Constantin I mène alors contre Licinius. C'en est le seul témoignage numismatique.
L'existence du RIC 46 (globe simple, beaucoup plus rare) montre que décision fut prise au cours de cette émission "étoile / croissant" de rajouter cette petite victoire sur le globe: soit pour porter chance au prince, soit pour marquer sa victoire sur Licinius.
De plus, l'inscription D N est assez originale: elle apparaît au IVème siècle lors de la tétrarchie au droit de certaines monnaies des tétrarques après qu'ils se soient retirés du pouvoir, en lieu et place du IMP, puis plus fréquemment dans des émissions ultérieures.
Pour David: tu trouveras quelques exemplaires de cette intéressante référence RIC 49 dans wildwinds, off. P (2 ex.), et T (3 ex. ) et Q (2 ex.), avec différentes césures, pour compléter la base.
Un autre Q ici (vente Gemini de 2014, 300$): https://www.acsearch.info/search.html?id=1830504
Et un T avec un croissant très "aplati": https://www.acsearch.info/search.html?id=800463
Zafeu- Miliarense léger
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Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Trois magnifiques monnaies et très beau texte d'accompagnement, on apprend des choses.
rayban35- Solidus
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Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Quelles belles monnaies!
On apprend beaucoup en lisant sur ce forum
J'avais bien aimé le commentaire sur une RIC 49 qu'en fit Berkano que je cite:
"Cette légende plus longue a le mérite de donner un complément de sens à la plus courte SOLI INVICTO COMITI dont j'ai lu toutes sortes de traductions. Que je comprends comme : " En l'honneur de Sol Invincible, compagnon de notre seigneur", compagnon ayant le sens d'accompagnant ou guide, de notre seigneur étant habituellement sous-entendu. Cela prendrait alors tout son sens en établissant le lien entre les légendes d'avers et de revers comme il est suggéré par Toc dans cette intéressante discussion : https://www.nummus-bibleii.com/t8960-fl-constantis-a-siscia-et-nicomedie
Soit au final : " En l'honneur de Sol Invincible, guidant notre seigneur l'empereur Constantin, etc."
On apprend beaucoup en lisant sur ce forum
J'avais bien aimé le commentaire sur une RIC 49 qu'en fit Berkano que je cite:
"Cette légende plus longue a le mérite de donner un complément de sens à la plus courte SOLI INVICTO COMITI dont j'ai lu toutes sortes de traductions. Que je comprends comme : " En l'honneur de Sol Invincible, compagnon de notre seigneur", compagnon ayant le sens d'accompagnant ou guide, de notre seigneur étant habituellement sous-entendu. Cela prendrait alors tout son sens en établissant le lien entre les légendes d'avers et de revers comme il est suggéré par Toc dans cette intéressante discussion : https://www.nummus-bibleii.com/t8960-fl-constantis-a-siscia-et-nicomedie
Soit au final : " En l'honneur de Sol Invincible, guidant notre seigneur l'empereur Constantin, etc."
Michel P- Solidus
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Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Plus j'avance dans la collection numismatique et plus je m'aperçois que ce qui me plait avant tout, c'est l'histoire que me raconte une monnaie. Cette histoire peut s'exprimer par une allégorie (rarement un buste), une légende, une variation (comme ici), mais aussi par des défauts que d'autres trouveraient rédhibitoires: une surfrappe, un coin choqué, une faute dans une légende, une forme inhabituelle de flan, des incrustations témoignant de son voyage dans le temps... Ces imperfections racontent une petite histoire, un atome constitutif de la grande Histoire, le geste de quelqu'un qui m'a précédé de bien des siècles. De même qu'une pièce percée était un modeste bijou, ou témoigne de la vénération de son porteur pour un prince, contemporain ou disparu.
Peut-être est-ce pour cela que la collection de monnaies modernes ne m'attire pas du tout: j'aime les maladresses ou spécificités de l'artisan, et non la froide perfection reproductive de la machine... ni ses dysfonctionnements, d'ailleurs: ces "2 euros" fautés que certains achètent pour des centaines d'euros me font horreur ! Mais je comprends très bien qu'ils y prennent plaisir. Il n'y a pas de sotte collection, il n'y a que de sottes gens
L'imperfection est ce qui fait nos différences, ce qui fonde nos personnalités. Il n'est rien de plus terrifiant qu'un monde de perfection (pour certains...) tel qu'en rêvent les transhumanistes !
Peut-être est-ce pour cela que la collection de monnaies modernes ne m'attire pas du tout: j'aime les maladresses ou spécificités de l'artisan, et non la froide perfection reproductive de la machine... ni ses dysfonctionnements, d'ailleurs: ces "2 euros" fautés que certains achètent pour des centaines d'euros me font horreur ! Mais je comprends très bien qu'ils y prennent plaisir. Il n'y a pas de sotte collection, il n'y a que de sottes gens
L'imperfection est ce qui fait nos différences, ce qui fonde nos personnalités. Il n'est rien de plus terrifiant qu'un monde de perfection (pour certains...) tel qu'en rêvent les transhumanistes !
Zafeu- Miliarense léger
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Michel P et BEATISSIMUS SOL INVICTUS aiment ce message
Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
elagabale2000 a écrit:Merci pour tout
Avec plaisir.
La décision fut visiblement prise très rapidement, car les exemplaires avec globe simple (RIC 46 et 47) sont vraiment très rares.
Dans la base OCRE, un seul exemplaire en est montré du RIC 46, complètement pourri (musée de l'université de Göttingen): https://www.kenom.de/id/record_DE-MUS-062622_kenom_201261
Aucun du RIC 47 (buste cuirassé, rarissime à Rome pour ces séries de S.I.C.)
En comparaison, 3 exemplaires du RIC 48 (globe nicéphore, buste vu de l'arrière) et 19 exemplaires du RIC 49:
http://numismatics.org/ocre/id/ric.7.rom.48
http://numismatics.org/ocre/id/ric.7.rom.49
A noter, la base OCRE commet l'erreur pour ces 4 références de décrire la légende classique SOLI INVICTO COMITI, et non la légende spécifique SOLI INVICTO COM D N !
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur cette appellation D N introduite au 4ème siècle pour les princes, je conseille la lecture de cette page web: http://augustuscoins.com/ed/tetrarchy/DN.html
Zafeu- Miliarense léger
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plouche30 aime ce message
Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Je viens de m'apercevoir que la légende du RIC 46 est SOLI INVICTO COMITI D N, tandis que le RIC 49 est SOLI INVICT COM D N, du fait qu'il faut un espace pour la petite victoire ajoutée sur le globe !
Il faut que tu corriges ton texte sur celui-ci, David, en ajoutant D N: https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-71404.htm
Les légendes sont donc SOLI INVICTO COMITI D N pour les RIC 46 et 47, et SOLI INVICT COM D N pour les RIC 48 et 49, dans cette émission "étoile/croissant".
Il faut que tu corriges ton texte sur celui-ci, David, en ajoutant D N: https://www.nummus-bible-database.com/monnaie-71404.htm
Les légendes sont donc SOLI INVICTO COMITI D N pour les RIC 46 et 47, et SOLI INVICT COM D N pour les RIC 48 et 49, dans cette émission "étoile/croissant".
Dernière édition par Zafeu le Mer 8 Déc - 15:54, édité 3 fois
Zafeu- Miliarense léger
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plouche30 aime ce message
Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Zafeu a écrit:Plus j'avance dans la collection numismatique et plus je m'aperçois que ce qui me plait avant tout, c'est l'histoire que me raconte une monnaie. Cette histoire peut s'exprimer par une allégorie (rarement un buste), une légende, une variation (comme ici), mais aussi par des défauts que d'autres trouveraient rédhibitoires: une surfrappe, un coin choqué, une faute dans une légende, une forme inhabituelle de flan, des incrustations témoignant de son voyage dans le temps... Ces imperfections racontent une petite histoire, un atome constitutif de la grande Histoire, le geste de quelqu'un qui m'a précédé de bien des siècles. De même qu'une pièce percée était un modeste bijou, ou témoigne de la vénération de son porteur pour un prince, contemporain ou disparu.
Peut-être est-ce pour cela que la collection de monnaies modernes ne m'attire pas du tout: j'aime les maladresses ou spécificités de l'artisan, et non la froide perfection reproductive de la machine... ni ses dysfonctionnements, d'ailleurs: ces "2 euros" fautés que certains achètent pour des centaines d'euros me font horreur ! Mais je comprends très bien qu'ils y prennent plaisir. Il n'y a pas de sotte collection, il n'y a que de sottes gens
L'imperfection est ce qui fait nos différences, ce qui fonde nos personnalités. Il n'est rien de plus terrifiant qu'un monde de perfection (pour certains...) tel qu'en rêvent les transhumanistes !
Tout est dit!
Michel P- Solidus
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Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Je vais en faire un petit article pour le BN de CGB.
Zafeu- Miliarense léger
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Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Zafeu a écrit:
Je vais en faire un petit article pour le BN de CGB.
Le voici en avant-première: merci de me signaler des erreurs ou proposer des compléments ! (je l'illustrerai par des photos dans sa version définitive)
Témoignage numismatique unique de la guerre civile de l’an 316 ap. J.C.
L’année 316 fut marquée par le conflit armé opposant Constantin Le Grand à son co-empereur Licinius I. En octobre, puis en décembre, leurs deux armées s’affrontent : Licinius est défait par deux fois, et doit accepter un traité de paix qui consacre la prédominance de Constantin sur l’Empire.
Dans cette période, les ateliers monétaires frappent à tours de bras le fameux type SOLI INVICTO COMITI avec l’allégorie traditionnelle de Sol debout à gauche, levant son bras droit et tenant un globe dans sa main gauche (soit près du corps, soit éloigné), manteau replié ou déployé.
Ce type est issu d’une longue tradition iconographique remontant à Septime Sévère, même si le nom SOL et la notion d’INVICTVS n’apparaissent sur des monnaies que sous Elagabal. Il faut attendre le règne seul de Gallien pour voir les légendes SOLI INVICTO et SOLI COMTI apparaître sur les monnaies.
Son utilisation par Constantin jusqu’en 320 aurait visé à souligner sa filiation « mythique » avec Claude II et à s’attirer les bonnes grâces des citoyens instruits de Gaule, qui reconnaissaient Sol comme la divinité suprême. De plus, Sol constituait un compromis acceptable par les chrétiens entre le panthéon païen romain et leur nouvelle religion monothéiste (1). De fait, le christianisme assimilera SOL et en fera une représentation christique, la naissance du Christ étant située le même jour que le DIES NATALIS SOLI INVICTI instauré par Aurélien et le dimanche, jour de SOL décrété de repos par Constantin par une loi du 7 mars 321, deviendra sacré pour les chrétiens.
Courant 316, l’atelier de Rome lance une Nième émission de ce type, avec pour distinction une étoile dans le champ droit et un croissant dans le champ gauche. Cette émission inaugure une nouvelle légende de revers s’achevant avec l’abréviation D N (Dominus Noster), buste de droit lauré et cuirassé, drapé (RIC 46) ou non (RIC 47).
La nouvelle dénomination DOMINUS NOSTER est apparue au début du siècle sur des émissions des tétrarques retirés du pouvoir : On peut alors l’interpréter comme une « pré-déification » des tétrarques « retraités », avant que le titre DIVO ne vienne honorer le prince à titre posthume.
Lorsque Maximien revient au pouvoir avec son fils, Constantin maintient le titre D N sur les droits de Maximien dans les ateliers dépendant de lui, tout en abandonnant les revers relatifs à la « retraite » de Maximien : il ne rétablit le titre IMP qu’après que ce dernier l’ait reconnu comme co-Auguste, en 307.
Le titre D N est alors « oublié » pour une décennie, jusqu’à très singulièrement réapparaître au revers de ces monnaies constantiniennes de Rome, en 316 ! On le verra ensuite régulièrement réutilisé au cours du IVème siècle.
Ce nouveau revers sera très vite abandonné dans une seconde phase de cette même émission au profit d’une nouvelle allégorie et d’une nouvelle légende : Sol se voit nanti d’un globe nicéphore, la légende est abrégée en SOLI INVICT COM D N afin de ménager l’espace nécessaire à la petite Victoire (RIC 48 et 49).
Ces deux revers spécifiques à l’émission « étoile/croissant » du type SOLI INVICTO COMITI à Rome n’auront pas de postérité. Ils nous renvoient de toute évidence aux évènements contemporains : il est probable que Rome aura voulu célébrer les succès de son libérateur sur Licinius, dans un premier temps par l’ajout du titre D N au revers (en sus de l’IMP du droit), puis par l’apparition du globe nicéphore, consacrant sa victoire définitive. Ainsi, nous supposons que la première phase se situe entre les deux victoires de Constantin, ce qui expliquerait la très grande rareté de ces références RIC 46 et 47 (R5). Si l’étoile dans le champ est une association avec Sol connue dès les productions monétaires d’Elagabal, nous ne saurions dire si l’on doit associer le croissant de lune à Artémis, symbole de naissance (d’un règne sans partage de Constantin ?).
Dans la tradition des productions monétaires de l’Empire, les victoires obtenues lors des guerres civiles ne faisaient pas l’objet d’émissions spécifiques : seules des victoires acquises sur un ennemi extérieur à l’Empire étaient parfois célébrées sur certains revers, ou dans l’appellation du prince. On peut toutefois évoquer le précédent de la proclamation par le Sénat de la victoire de Sévère sur Niger, qui se traduira dans sa titulature à Rome et en Syrie.
Cette émission, frappée dans le seul atelier de Rome, revêt donc un intérêt historique tout particulier : il s’agit selon moi de la seule trace numismatique des deux victoires de Constantin lors de la guerre civile l’ayant opposé à Licinius, cette année-là.
O. GUYONNET
(1) Timothy D. Barnes. Constantine and Eusebius. Cambridge (MA). Harvard University Press p. 36-37.
Zafeu- Miliarense léger
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Michel P, plouche30 et BEATISSIMUS SOL INVICTUS aiment ce message
Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Zafeu a écrit:Zafeu a écrit:
Je vais en faire un petit article pour le BN de CGB.
Le voici en avant-première: merci de me signaler des erreurs ou proposer des compléments ! (je l'illustrerai par des photos dans sa version définitive)
Témoignage numismatique unique de la guerre civile de l’an 316 ap. J.C.
L’année 316 fut marquée par le conflit armé opposant Constantin Le Grand à son co-empereur Licinius I. En octobre, puis en décembre, leurs deux armées s’affrontent : Licinius est défait par deux fois, et doit accepter un traité de paix qui consacre la prédominance de Constantin sur l’Empire.
Dans cette période, les ateliers monétaires frappent à tours de bras le fameux type SOLI INVICTO COMITI avec l’allégorie traditionnelle de Sol debout à gauche, levant son bras droit et tenant un globe dans sa main gauche (soit près du corps, soit éloigné), manteau replié ou déployé.
Ce type est issu d’une longue tradition iconographique remontant à Septime Sévère, même si le nom SOL et la notion d’INVICTVS n’apparaissent sur des monnaies que sous Elagabal. Il faut attendre le règne seul de Gallien pour voir les légendes SOLI INVICTO et SOLI COMTI apparaître sur les monnaies.
Son utilisation par Constantin jusqu’en 320 aurait visé à souligner sa filiation « mythique » avec Claude II et à s’attirer les bonnes grâces des citoyens instruits de Gaule, qui reconnaissaient Sol comme la divinité suprême. De plus, Sol constituait un compromis acceptable par les chrétiens entre le panthéon païen romain et leur nouvelle religion monothéiste (1). De fait, le christianisme assimilera SOL et en fera une représentation christique, la naissance du Christ étant située le même jour que le DIES NATALIS SOLI INVICTI instauré par Aurélien et le dimanche, jour de SOL décrété de repos par Constantin par une loi du 7 mars 321, deviendra sacré pour les chrétiens.
Courant 316, l’atelier de Rome lance une Nième émission de ce type, avec pour distinction une étoile dans le champ droit et un croissant dans le champ gauche. Cette émission inaugure une nouvelle légende de revers s’achevant avec l’abréviation D N (Dominus Noster), buste de droit lauré et cuirassé, drapé (RIC 46) ou non (RIC 47).
La nouvelle dénomination DOMINUS NOSTER est apparue au début du siècle sur des émissions des tétrarques retirés du pouvoir : On peut alors l’interpréter comme une « pré-déification » des tétrarques « retraités », avant que le titre DIVO ne vienne honorer le prince à titre posthume.
Lorsque Maximien revient au pouvoir avec son fils, Constantin maintient le titre D N sur les droits de Maximien dans les ateliers dépendant de lui, tout en abandonnant les revers relatifs à la « retraite » de Maximien : il ne rétablit le titre IMP qu’après que ce dernier l’ait reconnu comme co-Auguste, en 307.
Le titre D N est alors « oublié » pour une décennie, jusqu’à très singulièrement réapparaître au revers de ces monnaies constantiniennes de Rome, en 316 ! On le verra ensuite régulièrement réutilisé au cours du IVème siècle.
Ce nouveau revers sera très vite abandonné dans une seconde phase de cette même émission au profit d’une nouvelle allégorie et d’une nouvelle légende : Sol se voit nanti d’un globe nicéphore, la légende est abrégée en SOLI INVICT COM D N afin de ménager l’espace nécessaire à la petite Victoire (RIC 48 et 49).
Ces deux revers spécifiques à l’émission « étoile/croissant » du type SOLI INVICTO COMITI à Rome n’auront pas de postérité. Ils nous renvoient de toute évidence aux évènements contemporains : il est probable que Rome aura voulu célébrer les succès de son libérateur sur Licinius, dans un premier temps par l’ajout du titre D N au revers (en sus de l’IMP du droit), puis par l’apparition du globe nicéphore, consacrant sa victoire définitive. Ainsi, nous supposons que la première phase se situe entre les deux victoires de Constantin, ce qui expliquerait la très grande rareté de ces références RIC 46 et 47 (R5). Si l’étoile dans le champ est une association avec Sol connue dès les productions monétaires d’Elagabal, nous ne saurions dire si l’on doit associer le croissant de lune à Artémis, symbole de naissance (d’un règne sans partage de Constantin ?).
Dans la tradition des productions monétaires de l’Empire, les victoires obtenues lors des guerres civiles ne faisaient pas l’objet d’émissions spécifiques : seules des victoires acquises sur un ennemi extérieur à l’Empire étaient parfois célébrées sur certains revers, ou dans l’appellation du prince. On peut toutefois évoquer le précédent de la proclamation par le Sénat de la victoire de Sévère sur Niger, qui se traduira dans sa titulature à Rome et en Syrie.
Cette émission, frappée dans le seul atelier de Rome, revêt donc un intérêt historique tout particulier : il s’agit selon moi de la seule trace numismatique des deux victoires de Constantin lors de la guerre civile l’ayant opposé à Licinius, cette année-là.
O. GUYONNET
(1) Timothy D. Barnes. Constantine and Eusebius. Cambridge (MA). Harvard University Press p. 36-37.
Très bel article, merci pour l'avant première de celui-ci ... On apprends et on lit des choses très intéressantes ici ... Comme d'habitude
Bon dimanche les amis
@Plouche
plouche30- Maiorina
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Michel P et Zafeu aiment ce message
Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Une petite intervention...
Le revers porte à la fois l'étoile (symbole de l'astre solaire) et le croissant de Lune.
Un parallèle peut-être fait avec l'Arc de triomphe de Constantin Ier inauguré en 315 à Rome (VOTA X de Constantin) qui présente latéralement l'aurige solaire sur la face orientale (s'élançant vers le ciel pour atteindre le zénith, le soleil levant) et sur l'autre face, Luna symbolisant le couchant.
Le Soleil levant peut faire référence à l'ORIENS AVGUSTI, "la montée en puissance de l'empereur" ou son élévation, mais Luna ???
On pourrait l'interpréter dans le contexte solaire avec Phébus et son pendant féminin Luna (le levant et le couchant)
OU/ET (suivant l'ambiguïté entretenue par l'empereur Constantin entre le culte solaire et le christianisme) ...
une interprétation plus chrétienne: je suis le commencement et la fin, l'Alpha et l'Omega que les monnaies de Magnence feront figurer dans le champ de part et d'autre du Chrisme.
Donc je pense que l'association de l'étoile et du croissant sur le revers de la monnaie est à mettre en rapport avec l'arc de Constantin Ier à Rome et l'interprétation des deux médaillons d'époque constantinienne figurant sur la face orientale et occidentale de ce même arc.
une idée à creuser
.
Le revers porte à la fois l'étoile (symbole de l'astre solaire) et le croissant de Lune.
Un parallèle peut-être fait avec l'Arc de triomphe de Constantin Ier inauguré en 315 à Rome (VOTA X de Constantin) qui présente latéralement l'aurige solaire sur la face orientale (s'élançant vers le ciel pour atteindre le zénith, le soleil levant) et sur l'autre face, Luna symbolisant le couchant.
Le Soleil levant peut faire référence à l'ORIENS AVGUSTI, "la montée en puissance de l'empereur" ou son élévation, mais Luna ???
On pourrait l'interpréter dans le contexte solaire avec Phébus et son pendant féminin Luna (le levant et le couchant)
OU/ET (suivant l'ambiguïté entretenue par l'empereur Constantin entre le culte solaire et le christianisme) ...
une interprétation plus chrétienne: je suis le commencement et la fin, l'Alpha et l'Omega que les monnaies de Magnence feront figurer dans le champ de part et d'autre du Chrisme.
Donc je pense que l'association de l'étoile et du croissant sur le revers de la monnaie est à mettre en rapport avec l'arc de Constantin Ier à Rome et l'interprétation des deux médaillons d'époque constantinienne figurant sur la face orientale et occidentale de ce même arc.
une idée à creuser
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Dernière édition par BEATISSIMUS SOL INVICTUS le Dim 19 Déc - 16:50, édité 1 fois
BEATISSIMUS SOL INVICTUS- Miliarense Lourd
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plouche30 aime ce message
Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Merci pour cette intéressante piste !
Zafeu- Miliarense léger
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plouche30 aime ce message
Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Avec grand plaisir, c'est tout l'intérêt du forum, rassembler nos connaissances parcellaires pour arriver un jour prochain à frôler du bout des doigts la vérité.
BEATISSIMUS SOL INVICTUS- Miliarense Lourd
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Michel P aime ce message
Re: Trace numismatique de la guerre civile de 316
Comme Guillaume d'Ockham Je me dirigerais vers une hypothèse plus simple :
La lune représenterait la lune et l'étoile ... une étoile.
Lorsque le soleil doit être représenté comme tel, c'est souvent sous la forme d'un soleil levant (ou couchant) comme à l'exergue des monnaies de vota de Siscia sur lesquelles on peut retrouver les trois astres. On retrouve exactement cette représentation encadrant le Christ sur l'ivoire Barberini. A noter d'ailleurs qu'on retrouve les astres encadrant le Christ sur le dyptique "Nativité, Crucifixion et prophètes" bien plus tardif et probablement sur d'autres ivoires.
Tiens, ça me fait penser à une histoire de globe dans un autre post, j'y vais.
La lune représenterait la lune et l'étoile ... une étoile.
Lorsque le soleil doit être représenté comme tel, c'est souvent sous la forme d'un soleil levant (ou couchant) comme à l'exergue des monnaies de vota de Siscia sur lesquelles on peut retrouver les trois astres. On retrouve exactement cette représentation encadrant le Christ sur l'ivoire Barberini. A noter d'ailleurs qu'on retrouve les astres encadrant le Christ sur le dyptique "Nativité, Crucifixion et prophètes" bien plus tardif et probablement sur d'autres ivoires.
Tiens, ça me fait penser à une histoire de globe dans un autre post, j'y vais.
Berkano- Double Maiorina
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Date d'inscription : 22/09/2018
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